La francophonie avec elles : c’est fini !

Bilan après trois promotions de femmes migrantes à Ftartchi

Ça y est, le projet « La Francophonie avec elles » financé par l’Organisation internationale pour la Francophonie est terminé ! 

Nous disons au revoir avec tristesse à nos stagiaires de la troisième promotion de femmes migrantes à Ftartchi. L’occasion de revenir un peu sur le projet, de sa genèse à la recherche de stage, à travers les conversations que nous avons eu avec nos stagiaires. 

Nos 50 stagiaires sont principalement ivoiriennes et comoriennes. Nous avons également accueilli des femmes sénégalaises, congolaises, camerounaises ou gabonaises, le tout mélangé au travers de nos 3 promotions. Deux profils types se distinguent à travers les histoires singulières de chacune. D’une part, il y a celles qui sont venues en Tunisie faire leurs études, et d’autres part, celles qui sont venues pour fuir leur pays d’origine, à la recherche d’une meilleure vie. 

Notre troisième promotion, lors de la rentrée en septembre. Comores, Cameroun, Côte d’Ivoire, Sénégal, Congo et Gabon sont représentés !

Leur situation en Tunisie est difficile : difficultés économiques et discriminations sont souvent quotidiennes. En leur offrant une formation professionnalisante chez Ftartchi, nous souhaitions à la fois leur offrir une expérience positive de la Tunisie, et leur apporter les compétences professionnelles nécessaires à l’obtention d’un emploi plus qualifié. 

Pour intégrer la formation, nos futurs bénéficiaires nous ont contacté par les réseaux sociaux. Nous avons ensuite dressé une liste de personnes intéressées, de plus de 60 personnes pour la première session en janvier ! Certaines ont donc attendu leur tour, comme Marie-Louise, qui nous a contacté en janvier et a intégrer la formation seulement en septembre !

Nos stagiaires ont un rapport très divers à la cuisine : pour beaucoup, la cuisine était un domaine complètement nouveau. D’autres étaient déjà restauratrices au pays, comme Kanni, de la promotion 1, dont vous pouvez retrouver le portrait dans la vidéo ici, ou encore entrepreneuses ici en Tunisie dans le domaine de la cuisine, comme Léna, une stagiaire du groupe 2, qui prépare les plus délicieux tiep de Tunis.

Léna, sa fille Yasmine et son tiep !

Enfin, de nombreuses se rapprochent par leur rapport à la cuisine maison, et par l’amour qu’elles portent à leurs proches à travers la cuisine.

«J’adore préparé à manger pour les gens, ça me donnent de la joie de les voir déguster mes plats ! »

Fatou, Groupe 3

Elles ont ainsi intégré une formation de deux mois, en cuisine et pâtisserie, sous la direction des chef.fes Amel Bargaoui et Moez Tlili. Les cours se déroulent tous les soirs, de 15h à 19h, par promotion de 15 à 17 femmes. Cela leur permet de conserver leur emploi le matin.

Prisca nous parle des cours de pâtisserie :

« Ce qui me plait chez madame Amel c’est qu’elle est très stricte. J’aime ce genre de personne, parce que une personne qui est stricte ça prouve qu’elle aime son travail et après on veut vraiment lui ressembler. J’ai beaucoup aimé cela chez elle. Elle donne ses cours avec amour, on sent qu’elle aime vraiment la pâtisserie. Je suis venue pour la cuisine normalement, mais par amour pour notre professeur de pâtisserie Cheffe Amel, je me suis beaucoup impliquée ! Elle m’a donné l’envie de poursuivre la pâtisserie. Merci beaucoup aux ONG qui soutiennent Ftartchi, et qui nous permettent de faire la formation. »

De son côté, le chef Moez s’efforce de transmettre aux stagiaires les bases de la cuisine : découpe des légumes, préparation du poisson, cuisson des viandes, assaisonnement, ainsi que quelques recettes à la carte de nombreux restaurants en Tunisie, elles sont maintenant armées pour rentrer dans des cuisines professionnelles. 

L’apprentissage du chef Moez ne s’arrête pas là : il a été un père, un formateur et une oreille attentive pour beaucoup, comme nous le confie Abelle lors que nous allons la rencontrer lors de son stage au Golf de la Soukra. Vous pouvez retrouver son portrait ici.

Tout au long de l’année, nos stagiaires nous ont aussi impressionné.e.s par leurs savoirs-faire traditionnels. Lors de la formation, nous leur avons proposé des activités associatives annexes, comme des diners fusion tunisien-subsaharien ou des ateliers de cuisine traditionnelle. Elles ont à ces occasions pu montrer leurs savoirs-faire dans le façonnage de pains traditionnels, comme Moina qui nous a préparé des pains comoriens délicieux, ou Léna, qui ajoute à son poulet Yassa des épices dont elle détient le secret de l’assemblage. Vous pouvez d’ailleurs retrouver la recette du Yassa de Léna sur la chaine Faza, en cliquant ici !

Fatouma réalise des samoussas comoriens sous les yeux attentifs du chef Antoine Fouilland

Elles se sont aussi beaucoup livrées, notamment dans le cadre du projet CuisineS-مطابخ Vous pouvez d’ailleurs  retrouver toutes les vidéos du projet CuisineS-مطابخ ici.

Ainsi armées de leur bagage personnel et des apprentissages de Ftartchi, nos stagiaires recherchent un stage en cuisine. Elles se heurtent malheureusement à beaucoup de refus du fait de leur situation, ou doivent cumuler les emplois pour pouvoir décrocher un stage. Cependant, le groupe 3 a déjà décroché 5 stages en pâtisserie et en cuisine ! 

Pour conclure, nous laissons la parole à Prisca : 

« Avec la formation, on permet aux femmes migrantes de développées ce qu’elles ont comme talent. Nous sommes bourrées de talent et nous voulons pouvoir les montrer en Tunisie »

Prisca, 37 ans, groupe 3

Une insertion professionnelle qui reste encore très difficile aujourd’hui : malgré leur formation, la situation souvent irrégulière de nos stagiaires rend difficile de décrocher un emploi ou un stage en cuisine et pâtisserie. Lors qu’elles y parviennent, les conditions de travail ne sont pas forcément meilleures que les emplois à domicile… Nous devons ainsi travailler à l’avenir encore plus sur l’insertion professionnelle de nos stagiaires, afin d’augmenter l’impact de la formation.

Pour finir, quelques images de cette année partagée :

On remercie notre bailleur, l’Organisation Internationale pour la Francophonie, pour nous avoir permis cette belle aventure !